Voilà! Un moment que cette idée de blog me trotte dans la tête. Il fallait sauter le pas.
Gardez la ligne nous allons vous mettre en contact..."Would you please hold the line, we are trying to connect you" c'est le message qu'on entendait en boucle, il y a quelques années, avant internet, sur la ligne téléphonique d'une compagnie aérienne quand on essayait de réserver un billet. L'évasion supposait de déployer une patience d'ange. Passé l'énervement, la phrase s'imprime en vous. "Gardez la ligne" Rester mince? Pêcher? S'aventurer sur les traces de Thésée dans les méandres d'un labirynthe? On avait même le temps de chanter Toto "hold the line, love isn't always on time..." ça durait des heures mais si on ne lachait pas, si on se cramponnait à la promesse du message, promis, on resterait connecté.
Depuis mon inscription aux Beaux Arts, la ligne a pris un sens nouveau.
Un chemin entre le trait et les mots.
Trouver le fil, garder la ligne, surtout garder le contact.
PS: j'ajoute le poème d'Aragon cité dans le dessin ci-dessus
Les oiseaux déguisés
Tous ceux qui parlent des merveilles
Leurs fables cachent des sanglots
et les couleurs de leur oreille
Toujours à des plaintes pareilles
prennent leurs larmes pour de l'eau
Le peintre assis devant sa toile
A-t-il jamais peint ce qu'il voit
Ce qu'il voit son histoire voile
Et ses ténèbres sont étoiles
Comme chanter change la voix
Ses secrets partout qu'il expose
Ce sont des oiseaux déguisés
Son regard embellit les choses
Et les gens prennent pour des roses
La douleur dont il est brisé
Ma vie au loin mon étrangère
Ce que je fus je l'ai quitté
Et les teintes d'aimer changèrent
Comme roussit dans les fougères
Le songe d'une nuit d'été
Automne automne long automne
Comme le cri du vitrier
De rue en rue et je chantonne
un air dont lentement s'étonne
Celui qui ne sait plus prier
L. ARAGON