vendredi 28 janvier 2011

LOST TOULOUSE









Il était là, le Grand, l'Immense, l'Incomparable Demon Dog, James ELLROY, à la librairie Ombres Blanches,vendredi 28 janvier entre 16 et 17 heures, pour dédicacer son dernier livre. "La Malédiction Hilliker".



Quand je suis arrivée il n'y avait personne. Pas de foule en transe, pas de public en communion. Je m'étais préparée à foncer dans la mêlée, presque découragée à l'avance à imaginer que je n'arriverais pas à l'approcher. Et là, personne. Un garde devant l'entrée de la salle et LUI , immense contre son pupitre, un masque d'ennui sur le visage.

Pour l'approcher il fallait s'acquiter d'un ouvrage à la caisse. Quelque chose de mécanique avait été décidé: on donnait son nom à la caissière, elle le notait sur un post-it .
j'ai acheté "la malédiction Hilliker", en français et en V.O.

L'intreprête plantée à côté de lui aurait voulu faire barrage.
Maxime a dit en anglais: "Voici votre plus grande admiratrice française. Elle nous a élevés avec vos oeuvres , mon frère et moi. "
Ellroy a ri et s'est avancé pour nous serrer la main. Sa main est chaude, douce, presque un peu molle. Il dit: " C'est un grand honneur". On lui tend nos livres. Il y grave une dédicace. Le prénom, vif, nerveux, creusé comme un sillon dans le papier.
Je lui tends "un tueur sur la route", emporté à la hate en quittant la maison. je lui dis que c'est un de mes favoris. Il me répond que c'est celui que détestait son ex-femme! autre dédicace, autre gravure.

Et son visage se referme.

je ne vais pas pouvoir dire tout ce que j'ai envie de lui dire,
depuis ce choc il y a vingt ans à la lecture de L.A.confidential.

Depuis tout ce temps, Ellroy me fascine et me hante.
Si je cherche pourquoi je trouve mille raisons.
Il m'a fait habiter Los Angeles et bien des années après, quand j'y suis allée, j'en ai reconnu chaque nom d'avenue, la couleur du ciel, l'agitation des palmes dans le crépuscule. Cette violence tapie sous la démesure et l'aspect lisse des choses.
Ellroy est un auteur démiurge. Ses romans foisonnent.

Cette rencontre a été comme un second choc : Ellroy évadé du papier est devenu un être de chair.
Malgré son ennui apparent, son air absent après les signatures, il était là, à Toulouse, perdu dans la ville qui veut dire "perdre".




Dieu existe! j'ai rencontré Ellroy.




3 commentaires:

  1. On oublie souvent que les gens qu'on admire sur le papier sont en fait bien réel !

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  2. c'est exactement ça! d'où vient cette idée que ce qu'on aime n'existe pas?
    KTY

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  3. A quand l'illustration de cette rencontre?
    tu m'as donné envie de relire certaines de ses oeuvres et de découvrir la dernière. Il a l'air d'attendre, d'être en transit,
    pense-t-il : I lost my soul, my time, my heart (rayer la mention inutile) in Toulouse?.

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